A Chambéry, la journée de grève du mardi 10 décembre s’annonce encore plus forte que jeudi dernier. La manif pour la sauvegarde de nos retraites aura lieu à 14h, place du palais de justice à Chambéry.
Après une première journée de mobilisation réussie, avec sans doute 7 à 8000 manifestants à Chambéry, le plus difficile reste à faire : construire la mobilisation dans la durée tout en réussissant à l’élargir au-delà des secteurs mobilisés ce 5 décembre. Cet enjeu est bien perçu par le gouvernement, qui continue d’affirmer qu’il fera la réforme des retraites coûte que coûte et persiste dans sa volonté de disloquer le front qui est en cours de constitution.
Tout d’abord son projet de discréditer le mouvement par l’étalement dans les médias a échoué. Ce n’est pas faute pour BFMTV ou CNEWS d’avoir occupé les écrans à longueur de journée avec des images de “violences” traquées aux quatre coins des régions et à Paris. Les tentatives de division, de déminage se sont multipliées : une enveloppe supplémentaire pour les hôpitaux, des promesses de ne rien toucher pour les gardiens de l’ordre, et une manne salariale pour les profs. Mais sentant que tout cela ne prenait guère, le gouvernement change de braquet en matière de calendrier. Ce qui devait prendre plusieurs semaines, voire plusieurs mois, est compressé en quelques jours. Mercredi 11, nous saurons presque tout et on pourra passer rapidement aux conclusions en début d’année…
Les “concessions” du gouvernement au mouvement devraient tourner essentiellement autour de l’étalement de la mise en œuvre de la réforme tout en reportant les mesures financières (la réforme paramétrique c’est-à-dire le report de l’âge de départ à taux plein), jugées hier urgentes. L’idée c’est de s’attacher les bonnes grâces des directions syndicales comme celle de la CFDT favorables à la réforme mais qui ne peuvent abandonner toutes leurs demandes au risque d’y laisser une nouvelle fois des plumes sous forme de départ d’adhérentEs. Et de permettre aux directions confédérales ou fédérales les moins disposées à construire et élargir la mobilisation de préparer un repli en bon ordre.
Les limites de la mobilisation du 5 décembre pourraient faciliter ces manœuvres. Tout d’abord la moindre mobilisation dans le secteur hospitalier, confronté à une lutte “professionnelle” de longue haleine, à des crispations liées aux divisions sociales de la profession, à des espoirs d’être moins mal traitéEs sur la question des retraites via la prise en compte de la pénibilité. Et surtout la faible mobilisation dans le privé malgré une prise conscience des enjeux mais face aux difficultés de faire grève, à la perte de confiance dans la possibilité de gagner par le blocage de l’économie. Il y a un risque d’isolement du secteur public.
Mais, pour l’heure, la forte mobilisation du 5 paraît avoir conforté les secteurs mobilisés. La grève a été exceptionnelle dans les transports, en premier lieu à Chambéry où la mobilisation à la SNCF a atteint un niveau exceptionnel, et dans l’éducation. Elle a été forte dans tous les services publics. Même si les grèves ont accusé un recul ce vendredi, elles promettent de rebondir fortement la semaine prochaine, en s’appuyant sur les journées appelées le 10 puis le 12 décembre. Ces journées de grèves doivent être des points d’appui pour construire la lutte là où c’est le plus difficile, et créer des moments de convergence pour les secteurs en grève reconductibles. Notre objectif est que, malgré des rythmes différents, tout le monde s’engage dans la grève.
Pour gagner le privé au mouvement, il ne faut pas hésiter à défendre des revendications qui font le lien entre public et le privé, comme la retraite à 60 ans à taux plein. Mais aussi à discuter, comme cela se fait de façons variées, à orienter le combat contre Macron. Oui, la bataille pour les retraites est une bataille contre un projet de société rétrograde, incarné par Macron. Il faut le dégager, ainsi que le pouvoir et le patronat qu’il sert. Construire la grève générale, dégager Macron, c’est un combat pour une autre société.